Observatoire de la santé visuelle et auditive : comment bien protéger ses oreilles tout en faisant du sport

Le 23 juin 2021 a eu lieu la présentation des résultats de la 5ème étude de l’Observatoire de la santé visuelle et auditive sur le rôle de la vision et de l’audition dans la pratique du sport. Conclusion, trois français sur dix ont déjà ressenti une gêne visuelle (principalement des maux de tête, des larmoiements et les yeux secs) et deux français sur dix ont déjà ressenti une gêne auditive (essentiellement des bruits/sifflements et des vertiges), alors qu’il existe des équipements pouvant limiter ces gênes.

Près de 70 % des Français ignorent qu’il existe des équipements visuels (comme des lunettes de natation ou des masques de plongée à la vue) et auditifs (comme des aides auditives étanches ou des bouchons anti-eau sur-mesure…) adaptés au sport. Pourtant, 56 % des sportifs qui portent des lunettes ou un équipement visuel spécifique au sport constatent des impacts positifs sur leurs performances sportives. C’est encore plus net pour les sportifs porteurs d’équipements auditifs, qui sont 70 % à ressentir des bénéfices. Une amélioration qui se traduit par plus de confort, de protection (contre le vent, les projections, le soleil… pour les yeux, et pour éviter les acouphènes, les otites… pour les oreilles) et de précision.

L’importance et le rôle de l’audition dans le sport

Comme l’explique Michel Ballester, ORL, chirurgien cervico-facial et médecin militaire, « il est important d’avoir en tête que l’oreille n’est pas seulement l’organe de l’audition, c’est aussi celui de l’équilibre. Le cerveau du sportif traite simultanément plusieurs capteurs : lorsqu’il court, ses yeux voient le paysage défiler, son corps et ses articulations perçoivent le mouvement, tandis que les vestibules de ses oreilles ressentent les accélérations et la position de sa tête. Lorsque ces informations sont dissonantes, elles génèrent des troubles de l’équilibre, des vertiges et des illusions sensorielles. » Une mauvaise audition représente un danger pour certains sports comme le cyclisme sur route ou le jogging et est source de difficulté dans tous les sports de localisation comme les sports collectifs. Une audition défaillante affecte par exemple la capacité à localiser la balle et/ou entendre son rebond. Sur le terrain, les joueurs s’appellent, s’interpellent, se donnent des codes pour communiquer et parviennent ainsi à faire une passe à l’aveugle, sur la base d’informations sonores malgré le brouhaha ambiant.

Quelles protections auditives choisir dans la pratique de son sport ?

Deux facteurs peuvent nuire à l’audition pendant la pratique sportive : l’eau et le bruit. Spécialement conçus pour que l’eau ne pénètre pas dans le conduit auditif, des bouchons en silicone réutilisables pour la pratique de la natation et d’autres sports nautiques (surf, planche à voile…) sont un bon moyen d’empêcher l’eau de rentrer dans l’oreille et ainsi préserver le tympan de l’humidité. Ces bouchons antieau sont utilisés par les adultes et surtout les enfants sujets aux otites voire qui portent des drains (ce qui crée un petit trou dans le tympan) et qui ne peuvent donc pas mettre de l’eau dans leurs oreilles. Pour une meilleure tenue et renforcer encore la protection de l’oreille sous l’eau, les bouchons peuvent être réalisés sur-mesure par un audioprothésiste et être associés à des bandeaux en néoprène. Pour les sports bruyants comme les courses automobiles, le tir sportif… des bouchons et des casques antibruit existent pour préserver l’oreille du bruit et ainsi éviter un traumatisme acoustique à l’origine d’une perte d’audition. Il existe aussi des bouchons d’oreille qui laissent passer la parole et atténuent les fréquences liées au bruit nocives pour l’oreille. La compréhension de la parole est ainsi préservée, ce qui est utile pour parler avec des coéquipiers lors d’un sport collectif par exemple. Pour les porteurs d’aides auditives, les deux paramètres les plus importants à prendre en compte sont le maintien de l’appareil dans l’oreille et la bonne résistance à la transpiration. Des solutions existent en fonction du sport pratiqué : les contours d’oreille seront privilégiés pour un meilleur maintien, si le sportif porte un casque ou des lunettes, les intra-auriculaires (qui se placent directement dans le conduit auditif) seront préférés ou encore pour les sportifs qui ont une activité nautique le choix se portera sur des aides auditives étanches. Leur réglage est minutieux, car en fonction des milieux et des sports il peut être nécessaire d’amplifier certains sons ou d’en couvrir d’autres. Il est également possible de créer un programme sport spécifique. Le but est que cela soit le plus confortable possible pour le sportif malentendant afin qu’il puisse pratiquer son sport dans les meilleures conditions. « Tous les bouchons d’oreilles existent en standard mais je conseille notamment pour le sport, du sur-mesure pour un meilleur maintien et un confort optimal. Pour les personnes malentendantes qui portent des aides auditives, il faut privilégier les embouts sur-mesure et les contours d’oreille pour un meilleur maintien de l’appareil dans l’oreille. J’ai un patient cycliste qui a chuté et a perdu son appareil. Cela aurait pu être très dangereux étant donné qu’il a besoin d’entendre son environnement et la circulation pour pratiquer son sport en toute sécurité », indique Clotilde Saysithideth, audioprothésiste Audio 2000.

Source: Audition infos